Cours de Jorge Braga de MACEDO et Jean-Paul FITOUSSI

Fondements de la politique economique et mondialisation







L’objectif du cours est double :

La mondialisation commerciale, financière et "informationelle" est  une véritable globalisation, qui change les réponses de gouvernance et donc les fondements de la politique économique nationale. Face à cette globalisation s'enchevêtrent des réponses de gouvernance au niveau des entreprises, des gouvernements, d'organisations non-gouvernentales et de réseaux internationaux plus ou moins institutionnalisés - de l 'OCDE à la Chambre de Commerce Internationale ou à Oxfam. Certains de ces réseaux sont régionaux, comme le Mercosul, et fonctionnels, comme le Business Council Europe Africa Mediterranean: la globalisation appelle la regionalisation.

Ainsi, le processus d’intégration européenne observée pendant les dix dernières années a totalement bouleversé l’architecture des problèmes macroéconomiques des quinze pays membres et des dix candidats. Le cas français est exemplaire: tandis que jusque dans les années 1960 il était encore possible, dans une certaine mesure, de prétendre faire une macroéconomie française à partir des concepts d’analyse qui étaient essentiellement des concepts d’économie fermée, l’approfondissement de l’intégration européenne a fait de la France une économie ouverte sur l’Europe et le monde obligeant à adapter le raisonnement de base.

La mise en place de fait d’une politique monétaire commune (mais décentralisée) dans les années 1990,  la naissance d’une nouvelle institution de régulation monétaire européenne (la Banque centrale européenne ou BCE) et l´existence d' une surveillance multilatérale sur les budgets et la dette publique ont le même effet: l' espace géographique pertinent est désormais l’Europe. Cependant, les nations seules restent légitimes au plan politique, puisque c’est devant elles que les gouvernements sont responsables. De plus, une conjoncture d'insécurité interne et internationale aiguise non seulement la contabilité démocratique mais exige encore la crédibilité des politiques de gestion de risques systémiques.

L’une des difficultés principales du savoir macroéconomique aujourd’hui (et son principal intérêt) est donc précisément la nécessité de l’adapter au nouvel objet que crée la dynamique macro-économique globale et européenne. Ces configurations des politiques économiques nationales, européennes et internationales obligent à repenser la question de l’efficacité des politiques économiques macroéconomiques et structurelles dans un cadre plus flexible.

Au niveau de l'interaction globale entre globalisation et gouvernance, la question du développement et de la pauvreté des gens et des pays est, elle aussi, devenue incontournable. Le consensus issu de la conférence des Nations Unies à Monterrey en Mars 2002 reconnaît ainsi que les pays sont responsables pour leurs politiques mais aussi certains biens publics n'en sont pas moins pourvus au niveau mondial, parfois de façon peu efficace. Si la globalisation a renforcé la regionalisation parmi les pays riches, en sera-t-il de même parmi les pays pauvres? Voilà une question que ce cours doit aider à répondre.